J’ai été “corrigée” par mon beau-père et voici ce que j’ai “appris” …

 

En cette période où l’éducation positive est accusée de rendre les parents à moitié dingues et les enfants hors de contrôle et où la punition est érigée comme un outil d’éducation salvateur, j’ai eu envie de vous partager un peu de mon histoire personnelle.

J’ai été “corrigée” et punie quotidiennement par mon beau père lorsque j’étais enfant et voici ce que j’ai “appris” (et dû désapprendre par la suite pour une question de survie) :

* L’erreur n’est pas permise, il faut être parfaite, irréprochable, obéissante sinon on n’est pas digne d’amour et d’attention.

* Le mensonge vaut mieux que d’avouer un échec … c’est moins humiliant et moins douloureux.

* Certaines émotions ne sont pas permises et doivent être contrôlées voir même éteintes sous une carapace bien étanche … même si ça nous ronge de l’intérieur et même si ça nous coupe de l’extérieur.

* ETRE soi-même ne suffit pas pour être aimée, il faut FAIRE un certain nombre de choses pour plaire à l’autre et être digne d’attention et d’amour.

* Etre aimée et être frappée sont deux choses parfaitement compatibles.

* Il y a les faibles, il y a les forts et je ne faisais pas partie de la bonne catégorie donc je n’avais qu’à me soumettre et à tout accepter … y compris l’indicible.

* Une fessée, une gifle, un coup de pied aux fesses, une pichenette, les punitions, les réprimandes, les humiliations … c’était pour mon bien, pour ma bonne éducation, pour faire de moi une adulte responsable et je devais remercier pour ça.

* Je n’étais pas assez bien, une vraie bonne à rien et que mon futur mari (si un jour quelqu’un voulait bien de moi) était bien à plaindre.

* J’étais méchante, ingrate et insolente … bien loin donc de la belle personne que je pensais être malgré tous mes efforts… quoi que je fasse, ce ne serait jamais suffisant.

* Dire non, ne pas être d’accord, m’opposer est interdit.

J’avais 10 ans quand j’ai fait cette liste de “règles de vie” à ma copine d’école (qui m’a regardé complètement effarée). Je comprends mieux pourquoi à présent : ma “normalité” était loin d’en être une !

Il m’a fallu du temps, de l’énergie (et beaucoup d’argent) pour mettre des mots sur ce que j’ai traversé, pour me réparer et me libérer de ces années de fausses croyances instillées dans mon esprit goutte … après goutte … après goutte … par des années de violences éducatives qu’on appelle “ordinaires”.

Il m’a fallu remettre bien des choses en question et une sacrée dose de détermination pour me permettre d’oser devenir maman et faire mentir tous ceux qui me prédisaient que je reproduirais les mêmes choses avec mes enfants.

Mon seul modèle de gestion émotionnelle c’était les cris, les coups, les critiques acerbes alors il m’a fallu trouver des outils pour apprendre à gérer mes émotions autrement et sortir peu à peu de ma carapace.

Il m’a fallu un travail immense pour prendre conscience de ma propre valeur, de mes talents, prendre confiance en moi, me sentir digne d’être aimée et m’autoriser enfin à vivre la vie qui me fait vibrer.

Il m’a fallu un temps infini pour réaliser que tout est possible, qu’on peut choisir la couleur de sa vie et qu’elle n’est pas seulement une série de contraintes, d’obligations et de violences.

Pourtant n’est-ce pas là l’essence même de l’éducation ? N’est-ce pas ce qu’on veut tous et toutes pour nos enfants ?

On va dire que la génération de nos parents (et les générations précédentes) ne savaient pas … mais nous on sait ! On a accès à l’information comme jamais ! Les études en neurosciences se multiplient partout dans le monde ! Les exemples qui fonctionnent également ! On ne peut pas continuer d’ignorer les dégâts que cause la violences éducative ! Et puisqu’on peut faire autrement pourquoi faire le choix de continuer de reproduire ces vieux schémas délétères ?

Nous avons la possibilité de faire de ce monde un monde plus doux, plus juste, plus paisible pour nos enfants ! C’est même notre devoir ! Pas de les préparer à s’adapter à un monde qui va mal … non : de le changer ce Monde ! Et ça commence par nous, dans nos familles, dans nos maisons, dans nos relations, par l’exemple que nous donnons, par les valeurs que nous transmettons, par le respect que nous leur offrons … et vous savez quoi : si j’ai pu le faire alors nul doute que vous pouvez le faire aussi !

 J’avais écris quelques articles avec des pistes pour celles qui souhaiteraient aller plus loin :
 
 

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Julie Lemaire