Il n’y a aucune bonne raison de frapper un enfant

A l’approche du vote par l’Assemblée du texte que certains appellent la “Loi anti-fessée” le débat fait rage sur les réseaux sociaux et peut-être dans votre entourage. Ça me questionne beaucoup à vrai dire …

Je me demande toujours pourquoi les adultes cherchent des raisons qui pourraient rendre acceptable le fait de frapper un enfant … certaines personnes se réclament même (et une loi française archaïque leur donne, pour l’instant, raison) d’un “droit de correction”. Petit florilège …

“Il y a une différence entre frapper et mettre une fessée.”
Non, il n’y en n’a pas, c’est mécaniquement exactement le même geste et la même intention : se défouler et blesser l’autre.

«Parfois, une fessée est nécessaire parce qu’on n’a pas toujours le temps d’expliquer. En cas de situation dangereuse par exemple.»
Si vous avez le temps de frapper un enfant, alors vous avez le temps de faire le nécessaire pour l’arrêter, le protéger ou prendre soin de lui si le mal est fait. Si le stress déclenche chez vous de l’agressivité, c’est parfaitement naturel mais vous pouvez apprendre à gérer ça !

“Une fessée de temps en temps, ça remet les idées en place. Du moment qu’ils savent qu’on les aime.”
Gardez à l’esprit que le cerveau humain enregistre beaucoup plus facilement le négatif que le positif. Ce qui compte (et ce qui s’ancre profondément), c’est le message que nos enfants reçoivent dans ces moments là, pas celui que nous pensons envoyer le reste du temps.

«Il ne faut pas exagérer, il y a une différence entre une fessée et de la maltraitance !».
75% des maltraitances ont démarré par un châtiment corporel. En fait la fessée et “le droit de correction” entretiennent la maltraitance. Tant que nous ne changerons pas notre vision de l’enfant et que nous nous sentirons supérieurs à lui au point de nous réclamer d’un “droit de correction” alors la maltraitance restera une option possible car finalement la maltraitance c’est simplement un “droit de correction” qui a dégénéré. C’est toujours une erreur d’éduquer par (=à)  la violence. De nombreuses études montrent à présent que les fessées peuvent causer des blessures profondes (manque de confiance, agressivité, difficulté à gérer ses émotions, difficultés relationnelles, dépression, etc…). Les enfants et les familles méritent mieux que ça ! Et puis gardez à l’esprit que l’enfant apprend par l’exemple … si on lui enseigne dès le plus jeune âge que lorsqu’on est en colère, frapper est un outil de régulation acceptable, il l’utilisera … reste à espérer qu’à ce moment-là il ait encore peur de vous et qu’il ne vous dépasse pas d’une tête. Est-ce vraiment ce que vous souhaitez pour vous et votre relation ?

“C’est la seule chose qui fonctionne avec lui.”
Non, ce n’est pas le cas. Il y a de nombreuses autres options qui méritent d’être explorées (mon programme “C’est décidé, j’arrête de crier et de stresser !” en propose). Les recherches ont même montré que les punitions ne fonctionnent pas sur le long terme. Il arrive toujours un moment où l’enfant s’endurcit, les punitions glissent alors sur lui comme l’eau sur votre parapluie et comme la communication et la confiance seront sans doute rompues, ça sera l’escalade …

“J’ai reçu des fessées et je vais bien, je ne suis pas morte !”.
J’ai envie de dire tant mieux pour vous … mais en prenant un peu de recul, vous rendez-vous compte que vous avez intégré le fait qu’il est acceptable de frapper plus petit que soi ?
“Ce n’est pas un signe de bonne santé mentale que d’être adapté à une société malade” (J.Krishnamurti)
Et qui sait ce que vous auriez pu devenir si vous n’aviez pas été bridée et régulièrement punie et rabaissée.

“Chacun fait ce qu’il veut avec sa famille.”
C’est parfaitement vrai tant que les droits de chacun sont respectés. Et non, frapper un autre être humain ne peut pas être un droit.

“Crier est probablement plus nocif que de claquer.”
Puisqu’on peut faire autrement, abandonnons ces deux types de pratiques destinées à se défouler et à intimider l’autre.

“C’est notre travail de parents de leur montrer que tout n’est pas permis.Il faut fixer des limites !”
Admettons … mais pensez-vous vraiment que la meilleure façon d’apprendre quelque chose à quelqu’un c’est de lui faire peur ? Est-ce que c’est ce qui marche le mieux avec vous ? Personnellement je retiens mieux les choses qu’on m’explique quand elles sont associées à un moment positif de partage, quand je me sens aimée, en sécurité, inspirée …

Si vous faites partie des personnes qui cherchent une bonne excuse pour justifier le fait de donner une fessée ou une claque à son enfant (même de temps en temps), voilà quelques questions pour vous :

* Avez-vous eu à trouver des bonnes raisons avant de décider de ne pas frapper votre conjoint, votre voisin, votre collègue de travail ?
* Est-il acceptable pour vous de frapper une femme, un homme ou un animal ?
* Pourquoi est-ce si important pour vous de pouvoir continuer à frapper votre enfant ?

Non …

… Il n’y a aucune bonne raison de frapper un enfant.

Frapper un enfant ne peut pas être un droit parental. De nombreux pays se réveillent et changent leurs lois archaïques. Moralement et éthiquement, il n’y a pas de justification, vous n’avez tout simplement pas le droit de frapper quelqu’un. L’âge, la taille et le manque de compétence n’y changent rien.

Pas plus que pour votre conjoint, votre collègue, vos amis, vos parents, vos connaissances, un membre de la famille ou un animal domestique : il n’y a aucune bonne raison de frapper un enfant.

Et si c’est ce que vous avez reçu enfant alors je sais, pour l’avoir vécu moi-même, combien briser le cycle peut-être difficile. Mais ça vaut le coup. Vos enfants et votre famille le méritent ! VOUS le méritez !

La première étape pour briser ce cycle est de reconnaître que vous n’avez pas le droit de frapper un enfant… même pour l’éduquer ! D’ailleurs de nombreux enfants qui ne sont pas punis ou contraints, sont respectueux et gentils parce qu’on leur a montré du respect et de la gentillesse. Une autre parentalité est possible. Les enfants n’ont absolument pas besoin de punition pour apprendre et comprendre le Monde, ils ont besoin de joie, de sécurité et d’amour inconditionnel.

Ça commence avec VOUS !

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Julie Lemaire